Camille n'avait jamais aim� les soir�es de vernissage. Pour elle, c'�tait un exercice de pr�tention, de sourires forc�s et de regards en biais. Pourtant, elle s'�tait laiss�e convaincre d'assister � celui-ci par son amie Emma. Elle regrettait presque sa d�cision jusqu'� ce qu'elle le voie, lui.
Gabriel �tait entour� de gens, mais semblait � part, absorb� dans un monde qui lui appartenait en secret. Il �tait pench� sur une sculpture qu'il �tudiait avec un regard � la fois critique et admiratif. Camille, en l'observant, ressentit une �trange vibration. Peut-�tre �tait-ce son air d�tach�, ou son sourire en coin qui paraissait l�g�rement insolent, mais elle ne pouvait d�tacher son regard de lui.
Comme s'il avait senti son attention, Gabriel releva les yeux et, sans h�siter, se dirigea vers elle. Son sourire �tait myst�rieux, un peu dangereux, et Camille sentit son c?ur s'emballer malgr� elle. "Je m'appelle Gabriel," dit-il d'une voix pos�e.
Leur conversation commen�a sur des banalit�s, mais tr�s vite, il glissa des sous-entendus, des mots l�gers qui l'effleuraient sans vraiment la toucher. Le flirt entre eux �tait � la fois subtil et troublant. Elle savait, d'une certaine mani�re, qu'elle devrait se m�fier de lui. Gabriel semblait avoir ce don de cr�er un pont fragile entre eux, mais il donnait aussi l'impression de pouvoir le briser � tout instant, et sans remords.
Au fil des semaines, ils se virent de plus en plus souvent. Ils se rejoignaient dans des caf�s, se retrouvaient dans des mus�es, ou se laissaient happer par l'animation de soir�es �tudiantes. Chacun de leurs rendez-vous semblait �chapper aux r�gles. Camille ne savait jamais s'ils se reverraient apr�s. Gabriel restait insaisissable, sans jamais s'engager, mais sans jamais se d�rober enti�rement. Il lui disait des mots tendres, mais gardait toujours une distance. Ce jeu le rendait captivant, irr�sistible m�me.
Un soir, apr�s une sortie au bord de la Seine, il prit sa main et la conduisit chez lui. Son appartement �tait rempli de dessins, de croquis, de projets non termin�s. Comme lui, c'�tait un espace d�sordonn�, insaisissable, mais empreint d'une beaut� brute. Ils pass�rent la nuit ensemble, dans une �treinte qui laissait � Camille un go�t � la fois doux et amer. Elle savait qu'il y avait plus derri�re cette fa�ade de myst�re, mais Gabriel, apr�s des moments de proximit� intense, s'�loignait toujours, redevenant ce gar�on distant et impossible � cerner.
Au fil des mois, Camille sentit que cette relation la tirait vers le bas autant qu'elle l'�levait. Elle voulait le comprendre, savoir pourquoi il gardait une telle distance �motionnelle. Quand elle lui demanda un jour s'il tenait vraiment � elle, Gabriel se contenta de sourire. "Pourquoi est-ce qu'on devrait toujours tout d�finir ?" murmura-t-il, �vitant ses yeux. Sa r�ponse la blessa plus qu'elle ne l'aurait voulu, et pourtant, elle ne parvenait pas � se d�tacher de lui.
Pour Camille, ce dilemme devenait insupportable : continuer cette relation flottante, sans jamais savoir o� elle allait, ou faire face � la douleur de s'�loigner de quelqu'un qu'elle avait appris � aimer, mais qui semblait refuser de s'attacher. Finalement, apr�s une nuit de r�flexion, elle prit une d�cision. Elle le retrouva dans un parc, l� o� ils s'�taient vus pour la premi�re fois apr�s le vernissage, et lui avoua que, m�me si elle tenait � lui, elle ne pouvait plus continuer de cette fa�on.
Gabriel l'�couta en silence. Il semblait surpris, mais ne la retint pas. Pour la premi�re fois, Camille vit une lueur de tristesse dans ses yeux, mais elle savait que ce moment devait marquer leur fin.
Quelques mois plus tard, Camille avait repris sa vie en main, investie dans son art et pr�te � explorer de nouvelles voies. Elle pensait souvent � Gabriel, � cette relation intense qui lui avait appris autant sur elle-m�me que sur le besoin de poser des limites. Elle ignorait s'ils se reverraient un jour, mais elle �tait d�sormais plus forte, enrichie de cette exp�rience.
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